Le château

Situé à une lieue et demie au sud-est de Dieppe, le château d’Arques s’élève sur une colline aride et rocailleuse dominant deux vallées et entouré d’un fossé immense, creusé de main d’homme. Il était entouré à l’origine d’une palissade de protection.

La construction du château aurait eu lieu entre 1040 et 1045 par Guillaume d’Arques. Quelques années après cette édification, Guillaume le Conquérant, neveu de Guillaume d’Arques, assiège le château. La famine fait capituler l’oncle en 1053, après un an de pénible siège.

 

En 1123, le plus jeune fils de Guillaume le Conquérant, devenu Henri Ier roi d’Angleterre, renforce le château d’un donjon carré et d’une muraille. En 1145, Etienne de Boulogne et Geoffroy Plantagenêt se disputent le Duché de Normandie sous ses murs. Geoffroy Plantagenêt s’en empare après un nouveau siège.

 

En 1204, Philippe Auguste annexe la Normandie et s’empare du château de richard Cœur de lion ; c’est la dernière forteresse normande qui se rendit au roi de France.

 

En 1355, le donjon est restauré, le puit alimentant le château a alors une profondeur de 106 mètres.

 

En 1367, Charles V fait faire « des ponts neufs et une neuve porte au chastel d’Arques » (pont-levis arrière).

 

Pendant la guerre de cent ans, la citadelle est le lieu de nombreux affrontements. Talbot et Warvick s’en emparent le 27 janvier 1420. En 1431, c’est le capitaine Bouteiller qui en prend possession. Charles le Téméraire incendie le bourg en 1472, mais le château résiste.

 

En 1544 et 1545, le roi françois Ier effectue de fréquents séjours à Arques pour suivre les travaux du bastion d’artillerie de l’entrée du château, avec ses quatre tours renforcées.

 

Le Duc de Bouillon, chassé de Dieppe par les protestants, s’y réfugie en mai 1562.

 

En 1589, Henri IV y installe ses batteries pour battre le Duc de Mayenne. Par erreur, les canons détruisent alors le porche de l’église.

 

En 1708, Louis XIV déclare la vieille citadelle "impropre au service". Abandonné militairement à partir de 1668, le démantèlement de l’édifice commence. De 1735 à 1771, le château est transformé en carrière, sans aucune autorisation.

 

Louis XVI désaffecte la citadelle dont les habitants sont autorisés à prendre les pierres.

 

En 1792, le monument, bien national, est vendu à Louis Jean Félix reine, d’Arques. En 1814, le propriétaire admet la visite contre un droit d’entrée.

 

En 1836, une bande noire se propose d’en assurer la démolition complète et d’en revendre les matériaux. Un mouvement d’intérêt pour cette ruine formidable s’organise autour d’Achille Déville ; Jules Reiset et sa femme, amateurs passionnés, l’achètent pour lui éviter cette destruction.

 

En 1860, des pièces furent aménagées en un musée. En 1868, l’Etat en devient propriétaire pour 60 000 francs (or) et le classe Monument Historique en 1875. L’intérieur fut nettoyé, et des visites étaient assurées par le gardien. Le musée ferma définitivement en 1939, avec la Seconde Guerre Mondiale. Il fut occupé par l’armée allemande qui chassa le gardien, et servit alors de poste de surveillance et de dépôt de munitions.

 

A la débâcle de 1944, les occupants durent se retirer en faisant sauter les munitions, et laissèrent derrière eux un château très délabré, avec une maison du gardien complètement détruite. A la fin des années 70, un dernier gardien journalier commentait les visites.